[Special Guest #5] Guillaume Moubeche, Co-fondateur et CEO de Lemlist

✍🏻 Interview réalisée par Claire Caminati, Responsable Communication Startup Palace

Vous avez forcément vu passer un de ses posts sur LinkedIn ou Instagram. Ou peut-être que vous avez eu vent de cette fameuse startup qui a refusé 30 millions de dollars ? Eh bien cette startup c’est Lemlist… Et figurez-vous qu’on a eu la chance de pouvoir échanger avec son co-fondateur et CEO, Guillaume Moubeche.

🤙🏻 Qui es-tu et que fais-tu dans la vie ?

Salut Claire ! Je suis CEO et co-fondateur de Lemlist, une plateforme de prospection multicanale pour automatiser des campagnes ultra-personnalisées.

En moins de 3 ans et demi, on a dépassé les 8 millions d’euros de CA et 10K de clients à travers le monde, sans aucun financement extérieur.

J’ai pour objectif d’aider 1 000 000 d’entrepreneurs à lancer des entreprises rentables d’ici 2025 en partageant mon expérience et mes best practices en Growth marketing, Marketing, team management, entrepreneuriat, etc.

🤙🏻 À quel moment as-tu eu le déclic pour lancer Lemlist ?

Alors que je travaillais pour mon agence d’acquisition Lead Guru, j’ai réalisé qu’il y avait un réel besoin d’outils de personnalisation d’emails. En effet, ce marché était très peu développé.

Les outils de l’époque n’offraient pas assez de personnalisation pour vraiment augmenter le taux de réponse. Ils forçaient l’ultra-automatisation. Nous avons donc vu là une opportunité. Le but était de revenir à l’essence même de la prospection, c’est à dire la construction de relations. Et dans le but d’humaniser la prospection, nous avons créé lemlist.

Lemlist propose des outils de personnalisation qui permettent aux entreprises de construire de solides relations avec leurs potentiels clients, et par conséquent, d’augmenter le taux de réponse.

🤙🏻 Quelle a été ta première aventure entrepreneuriale ?

J’ai expérimenté ce qu’était l’entrepreneuriat pour la première fois avec mon père, mais malheureusement, ce ne fut pas un succès. Nous avons complètement échoué.

Étant donné que mon père travaillait dans la sérigraphie, il maîtrisait les techniques d’impression sur tissu. Ainsi nous est venue l’idée de créer ensemble une marque de t-shirts que nous avons appelée « Paris reste un rêve ». Mon père était en charge de la production, tandis que moi je m’occupais plutôt de la partie business.

Il s’agissait de ma première expérience en entrepreneuriat, ainsi je manquais cruellement d’expérience en business. J’ai donc complètement échoué dans ma mission. Nous avons malgré tout réussi à vendre 6 t-shirts, mais toutes les commandes venaient de nos proches.

Je sais que j’ai déçu mon père, et c’est pourquoi cette première expérience m’a énormément motivé pour la suite.

🤙🏻 Guillaume Moubeche en 3 dates, ça donne quoi ?

09/06/1991: date de naissance

15/04/2018 : le premier invoice d’un client lemlist

15/04/2024 : premier bootrapped unicorn français

🤙🏻 Lempod, tu nous en parles ?

Lempod c’est le plus grand marché de modules d’engagement LinkedIn où d’autres créateurs de contenu LinkedIn se soutiennent automatiquement par un engagement mutuel.

Pour faire simple, lorsque vous obtenez des centaines de likes et de commentaires, LinkedIn évalue votre contenu comme génial et le booste sur un public plus large.

🤙🏻 Ça a changé quoi dans ton quotidien cet exit ?

Déjà, j’ai perdu mon profil LinkedIn, du coup j’ai dû recommencer from scratch. 😱

Dans mon quotidien, personnellement, rien de spécial, je reste quelqu’un de simple.

🤙🏻 Tu peux nous en dire plus sur ces fameux 30 millions refusés ?

En janvier 2021, on s’est lancé publiquement dans une levée de fonds, juste pour démontrer que le succès d’une startup n’est pas proportionnel à la taille de la levée.

En général, on a tendance à associer le succès d’une startup à la taille de la levée de fonds.

Pourtant il existe de nombreux exemples de success stories chez les startups qui prouvent que réussite ne rime pas toujours avec financement extérieur.

Mon propos est de montrer qu’il existe une autre voie que la levée de fonds, d’inspirer les entrepreneurs et les encourager à continuer à construire une boîte rentable, même avec un capital de départ très faible. Selon moi, les meilleurs investisseurs qui existent, ce sont tes clients.

🤙🏻 Combien avez-vous levé jusqu’à présent et auprès de qui ?

$0 ! On a commencé lemlist avec 1000 EUR au capital

🤙🏻 Comment cibler les bons investisseurs ? Et bien utiliser l’argent de la levée de fonds ?

Il faut parler à des gens qui ont déjà levé des fonds, demander des conseils, apprendre à connaître les potentiels investisseurs, voir s’ils « fit » bien à la boîte.

🤙🏻 Des conseils à partager à de jeunes entrepreneurs qui cherchent à lever pour accélérer leur développement ?

Il faut bien réfléchir pour savoir si cette levée de fonds va en effet permettre de faire grandir la boîte. Et surtout, il faut s’assurer d’avoir pris le temps de faire tous les efforts pour que cette levée de fonds soit utile. Elle est la dernière étape, mais avant ça, il faut avoir construit des relations avec les clients, bien connaître le produit, savoir où l’on va avec le projet, etc. Trouver le bon investisseur avec qui il y a un bon fit. On doit être en phase sur les attentes et vouloir aller dans la même direction.

🤙🏻 Si tu avais le super pouvoir de revenir en arrière et de recommencer à zéro… Que referais-tu différemment ou que ne referais-tu pas ?

Je créerais une communauté avant même que le produit soit codé et je lancerais un podcast.

🤙🏻 Le pire conseil que l’on t’ait donné dans ta carrière ?

« Il faut lever des fonds pour réussir à monter une boîte en hyper croissance ! «

🤙🏻 Un conseil que tu aurais aimé avoir au moment de lancer lemlist ?

EN: « Prepare yourself, entrepreneurship is a lonely journey. When you win, you win together, when you lose, you lose on your own »

FR: « Le succès est général. Quand tu réussis, tu réussis en équipe. Mais quand tu échoues, tu es seul face à ton échec. »

🤙🏻 Comment gérer une grosse embrouille entre associés ?

On a un processus très précis lorsque l’on s’embrouille. Dans un premier temps, on arrête de s’écrire. On coupe toute communication.

Dans un second temps, on organise un meeting dans les 24/48 heures. On a une fiche à regarder avec des photos de nous qui reflètent des souvenirs positifs que l’on a partagés ensemble. Le but est que l’on se rappelle des souvenirs positifs parce que c’est vrai qu’en cas d’embrouille, on a souvent tendance à ne voir que le négatif.

On essaye de parler de ce que l’on a ressenti plutôt que de remettre en cause ce que les associés ont fait.

Capture d’écran 2021-07-12 à 09.51.26 — Vianney Lecroart, Guillaume Moubeche et François Lecroart, cofondateurs de Lemlist

🤙🏻 Qu’est ce que tu regardes en premier chez un candidat qui postulerait chez Lemlist ?

Zéro importance des diplômes. La personne doit être en adéquation avec les trois valeurs de la boîte :

>> La loyauté

>> Optimisation en continu

>> « Get shit done ».

🤙🏻 Quelles sont les qualités requises pour être un très bon sales selon toi ?

>> Empathie

>> À l’écoute

>> Expert dans son domaine. Un bon sales est un bon consultant avant tout.

🤙🏻 Ta plus grande fierté aujourd’hui ?

Aider les gens et changer leur vie ; avoir développé un produit qui aide plus de 10 000 personnes autour du monde ; avoir réuni une équipe de 40 personnes et les aider à évoluer et devenir des experts dans leurs domaines.

🤙🏻 Les deux appli dont tu ne peux plus te passer aujourd’hui ?

Notion et Slack !

🤙🏻 Le pire concept bullshit de la startup nation ?

« Fake it until you make it ».

La plupart des entrepreneurs ont tendance à communiquer énormément sur leurs succès, mais à taire leurs échecs. Cependant, on pense que ce principe ne rime à rien. Pour avancer et continuer à faire grandir une boîte, il faut toujours être 100% transparent et oser dire quand ça ne va pas.